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Fantastic Mr Fox

mars 6, 2010

Fantastic Mr Fox, sixième film de Wes Anderson, est l’adaptation du roman éponyme pour enfants de Roald Dahl. Pour ce long-métrage, Wes Anderson s’est tourné vers l’animation image par image. Ses personnages sont des pantins en fourrure, et a réuni la famille Anderson pour l’occasion. De fait, l’on retrouve les désormais récurrents Bill Murray, Jason Schwartzman et Owen Wilson. A cette distribution s’ajoute dans les rôles principaux George Clooney et Meryl Streep, les deux moitiés du couple Fox. La réalisation s’annonce donc comme un défi : comment Wes Anderson, réalisateur américain dont les deux dernières réalisations ont reçu un accueil mitigé va t-il adapter un roman anglais et estimé, avec un casting américain, tout en restant fidèle à l’esthétique qu’il s’est efforcé de mettre en place au cours de sa carrière ?

En choisissant une animation plus « artisanale », Wes Anderson se démarque des dernières productions des grands studios américains en se plaçant dans une veine plus alternative : on reconnait les marques d’Henry Selick, qui travaillait sur le projet à ses débuts. Mais l’esthétique d’Anderson est toujours au rendez-vous : gros plans faciaux, plans étendus, quasi panoramiques, décomposition des décors et introspection de ceux-ci… Et c’est avec une étrange fascination que la caméra réussit à s’adapter à ce monde de carton et de fourrure. C’est en fait dans ce monde que le réalisateur parvient à prendre toutes ses aises. On connaissait Wes Anderson pour son esthétique et sa plastique unique, ses mises en scène décalées. Paradoxalement, c’est finalement en adaptant un monde pré-existant qu’il atteint enfin une totale liberté créatrice. Il controle sa caméra, ses personnages et ses acteurs comme jamais, et ce d’une manière à tout orchestrer avec génie. Sous sa direction, ils atteignent une justesse que le décalage qu’il mettait en scène contrariait, laissait dans le désarroi, et produisait étrangeté qui frustrait.

Ici, c’est encore plus fort, puisque les acteurs donnent complètement vie et épanouissent ces visages de fourrure. Le résultat est pétillant, l’animation est délirante de vie. Peut-être est-ce du au choix d’enregistrer les voix des acteurs hors d’un studio, dans une ferme, dans les mêmes conditions que ce qui se passe à l’écran ? Les comédiens excellent dans des rôles d’animaux de la campagne (except Canis Lupus) plein d’humanité, et permet à Wes Anderson d’introduire ses thêmes de prédilection : questionnements existentiels, rôle tenu dans une famille, quête de l’identité…

On retrouver aussi ses sonorités musicales habituelles, à savoir les Beach Boys, les Rolling Stones, le rock 60s et 70s. Il trahit une nouvelle fois le compositeur de ses premiers films, Mark Mothersbaugh, pour lui préférer le français Alexandre Desplat, ainsi que Jarvis Cocker le temps d’une composition. En plus de ses hommages traditionnels au cinéma français, il tient également à rendre hommage au tandem Sergio Leone / Ennio Morricone, mission que le duo présent remplit à merveille.

Cette liberté du matériau permet  à Wes Anderson de créer sans contrainte plastique apparente. Il livre ici avec brio son long-métrage le plus poussé et le plus divertissant. Cultiver sa différence, c’est très beau, et c’est quelque chose qui paie.

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